L'élégance swing de la côte ouest
1. Une naissance sur les pistes bondées de Californie
Le Balboa trouve ses racines dans les années 1920-30 à Newport Beach, en Californie, plus précisément dans des lieux emblématiques comme le Rendezvous Ballroom. Ce contexte balnéaire, où les salles de danse étaient parfois bondées au point de ne laisser que quelques centimètres carrés par couple, a grandement influencé la forme de la danse. C’est dans cette contrainte d’espace que naît le « Pure Bal » — une danse fermée, en position rapprochée, qui privilégie les jeux de pieds subtils aux grands déplacements.
2. Pure Bal et Bal-Swing : deux esthétiques pour un même style
Le terme « Balboa » englobe aujourd’hui deux variantes complémentaires. Le Pure Bal, en position fermée, se distingue par sa posture verticale, ses pas glissés au sol et ses rythmes syncopés sur des tempos rapides. Le Bal-Swing, apparu plus tard, incorpore des figures plus ouvertes, des rotations, des kicks, et des breakaways inspirés d'autres danses swing comme le Lindy Hop. C’est cette richesse hybride qui fait la particularité du Balboa moderne.
3. Figures de légende : Maxie Dorf, Dean Raftery et les autres
Parmi les premiers grands danseurs de Balboa, on retrouve Maxie Dorf, considéré comme l’un des meilleurs ambassadeurs du Bal-Swing, avec ses breaks innovants et son style fluide. Dean Raftery est un autre nom incontournable, reconnu pour sa maîtrise technique et sa pédagogie qui a permis de transmettre le style aux générations futures. Hal Takier, Ann Mills, Willie Desatoff, Marge Takier ou encore Mary McCaslin ont tous contribué à maintenir la flamme du Balboa, même après la disparition progressive des ballrooms dans les années 50.
4. Un art de la subtilité : la technique du Balboa
Le Balboa demande un haut niveau de connexion et de précision. En Pure Bal, les partenaires dansent en position très rapprochée, utilisant principalement le haut du torse pour guider les variations. Les jeux de pieds sont complexes et souvent imperceptibles pour le spectateur non averti. Les pas typiques incluent les "come arounds", "paddles", "crabs", et les "ad libs" (improvisations de jeux de pieds). En Bal-Swing, la posture se libère, on trouve des moves comme les "throwouts", "lollies", "swivels", et autres variations inspirées des figures du swing.
5. Une redécouverte dans les années 1980
Comme le Lindy Hop, le Balboa a connu une éclipse après l’âge d’or du swing. Mais dès les années 1980, des passionnés se mettent en quête des anciens danseurs pour documenter, apprendre et relancer cette danse oubliée. Des figures comme Jonathan Bixby et Sylvia Sykes jouent un rôle fondamental dans cette redécouverte, en organisant des stages et en invitant les anciens à enseigner à nouveau.
6. Festivals, revival et communauté mondiale
Le Balboa connaît aujourd’hui un essor impressionnant. Chaque année, des festivals dédiés réunissent les meilleurs danseurs du monde : The California Balboa Classic, The Experiment (Espagne), Balboa Castle Camp (Allemagne), ou encore Paris Balboa Shag Festival. On y trouve des compétitions de haut niveau, des masterclasses, des bals swing, et des temps de transmission historique. Les danseurs y rendent hommage aux pionniers tout en innovant sans cesse.
La communauté Balboa valorise la connexion, la musicalité et l’élégance. Des danseurs contemporains comme Jeremy Otth, Laura Keat, Mickey Fortanasce, Kelly Arsenault, David Rehm ou encore Kate Hedin sont aujourd’hui considérés comme les chefs de file de la scène actuelle.
7. Héritage vivant
Le Balboa n’est pas une relique figée dans les archives du swing. C’est une danse en constante évolution, portée par une communauté qui célèbre à la fois la mémoire et la créativité. Chaque shuffle, chaque twist, chaque figure évoque une histoire collective qui traverse les générations. À travers les pistes de danse du monde entier, de Séoul à New York, de Sydney à Paris, le Balboa continue de faire vibrer les cœurs sur des tempos endiablés.