Histoire du Shag : une danse swing énergique et méconnue
Le Shag, ou plus précisément le Collegiate Shag et le Carolina Shag, est une danse swing pleine d’énergie, souvent reléguée dans l’ombre du Lindy Hop, mais dont l’histoire mérite une attention particulière. Popularisé dans les années 1930 aux États-Unis, le Shag est aujourd’hui redécouvert dans les communautés swing du monde entier, notamment à Paris. Cet article vous propose un voyage chronologique au cœur du Shag, de ses origines à sa renaissance actuelle.
Les racines musicales du Shag
Comme toutes les danses swing, le Shag s’ancre dans l’univers du jazz afro-américain du début du XXe siècle. Il puise ses racines dans le Ragtime, le Dixieland et les premières formes de swing. Le Collegiate Shag s’est développé dans un contexte où le jazz gagnait en popularité, notamment avec des musiciens comme Fletcher Henderson, Chick Webb, ou encore Benny Goodman, dont les tempos rapides convenaient parfaitement au Shag.
Origines du Collegiate Shag
Le terme "Shag" est apparu dès les années 1920, mais le style que nous appelons aujourd’hui "Collegiate Shag" a été formalisé au début des années 1930. Il était particulièrement populaire chez les étudiants des universités de la côte Est des États-Unis, d’où son nom. C’est une danse de couple caractérisée par une base en 6 temps sur des tempos rapides, voire très rapides (au-delà de 200 BPM).
On associe souvent les origines du Collegiate Shag à des villes comme Asheville en Caroline du Nord ou Greenville en Caroline du Sud. Des archives indiquent que le mot “Shag” désignait à l’époque plusieurs styles de danses à pas glissés, souvent improvisés.
Parmi les premiers danseurs célèbres de Shag, on peut citer Arthur Murray, qui a contribué à codifier certains pas pour les intégrer dans les écoles de danse de salon. Toutefois, c’est principalement une danse populaire, née dans la rue, les campus et les clubs, souvent dans un esprit de défi et de plaisir.
Le style de la danse
Le Collegiate Shag se danse en position fermée, avec un rebond caractéristique. Sa base est composée de deux "slow" suivis de deux "quick", soit un rythme 6 temps : slow, slow, quick, quick. Le jeu de jambes rapide et rebondissant donne une apparence sautillante, très différente du style glissé du Balboa ou du relâché du Lindy Hop.
Ce style spectaculaire en a fait une danse de démonstration très prisée à l’époque. Certains concours de danse swing dans les années 1930 proposaient même des catégories spécifiques pour le Shag, en plus du Charleston ou du Lindy Hop.
Le Carolina Shag : une variante régionale
Le Carolina Shag est une évolution apparue dans les années 1940 sur la côte est des États-Unis, notamment en Caroline du Sud et Caroline du Nord. Il est souvent dansé sur des musiques plus lentes que le Collegiate Shag, généralement autour de 110 à 130 BPM. Il est aujourd’hui reconnu comme la danse officielle de la Caroline du Sud depuis 1984.
Le Carolina Shag est fortement influencé par le rhythm and blues et le beach music. Il garde une structure en 6 temps, mais avec des mouvements plus coulés et glissés, souvent très élégants. Les partenaires évoluent souvent sur deux pistes parallèles, avec des figures stylisées et des jeux de jambes complexes pour le leader.
Parmi les figures notables de cette danse, on trouve Shaggers Hall of Fame comme Sam West, Charlie Womble, ou encore Jackie McGee, qui ont tous contribué à l’essor du Carolina Shag à travers les compétitions et les festivals.
Les années 1940-1950 : le déclin progressif
À partir de la Seconde Guerre mondiale, le Shag commence à décliner, comme beaucoup d'autres danses swing, face à l'arrivée de nouveaux styles de musique comme le bebop, puis le rock’n’roll. Les danses swing plus techniques, comme le Lindy Hop ou le Balboa, gardent une certaine présence à Hollywood, mais le Shag, souvent considéré comme “jeune” et “étudiant”, est progressivement relégué au second plan.
Dans les années 1950, avec l’arrivée de la télévision et la transformation des lieux de sociabilité, le Collegiate Shag disparaît presque totalement des pistes de danse, sauf dans quelques régions où il subsiste à l’état de curiosité folklorique.
La redécouverte du Shag à la fin du XXe siècle
À la fin des années 1980 et surtout dans les années 1990, un mouvement de redécouverte des danses swing voit le jour. Des passionnés comme Marcus Koch et Barbara Köhler, danseurs allemands, remettent en lumière le Collegiate Shag dans leurs stages et festivals.
Le renouveau s’accélère au XXIe siècle, notamment grâce à l’influence de vidéos d’archives, comme celles des Harvest Moon Ball, et de clips de films hollywoodiens où l'on aperçoit des danseurs de Shag.
Le Collegiate Shag est aujourd’hui enseigné dans de nombreux festivals swing internationaux comme :
- The Barcelona Shag Festival (Espagne)
- Shag’n’Bal (France)
- International Lindy Hop Championships (ILHC), où des divisions spécifiques Shag apparaissent
Le Shag en France et à Paris
À Paris, le Shag est aujourd’hui représenté par plusieurs écoles de danse swing, souvent en complément du Lindy Hop ou du Balboa.
On y organise également des soirées 100% Shag ou des "Shag Hour" dans le cadre de soirées swing. Le public apprécie l’énergie joyeuse de la danse, son aspect sportif mais ludique, et la possibilité de l’apprendre rapidement.
Pourquoi danser le Shag aujourd’hui ?
Le Shag, qu’il soit Collegiate ou Carolina, revient en force pour plusieurs raisons :
- Sa musicalité énergique, qui correspond aux tempos rapides des big bands swing
- Sa technicité ludique : idéal pour les danseurs qui aiment les challenges
- Son esthétique vintage, très photogénique
- Sa complémentarité avec d'autres danses swing : parfait pour varier les plaisirs sur la piste
Le Shag, souvent éclipsé par le Lindy Hop
Le Shag n’en reste pas moins un pilier fondamental de l’histoire des danses swing. Sa résurgence dans les communautés swing du XXIe siècle témoigne de son pouvoir d’attraction intact. Si vous cherchez une danse joyeuse, pleine d’énergie, et au patrimoine riche, le Collegiate ou le Carolina Shag pourrait bien devenir votre nouvelle passion.